Madame la mort... (pensée)

Publié le par Kamiken

 

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Un peu lugubre comme titre mais il faut bien que j'en parle puisqu'elle me harcèle depuis des mois, que dis-je ? Des années !!

Mon tout premier rapport avec elle fut très distant, nous étions en vacances à la montagne, j'étais très petite et je m'amusais beaucoup. Un coup de fil, l'arrière grand père est mort, il faut rentrer en urgence. Gros coup de colère, je ne voulais pas rentrer, j'ai maudis l'arrière grand père que je connaissais de toutes façons bien peu mais il a bien fallu obéir. Je n'ai rien vu de l'enterrement, de sa mort je ne conserve que le souvenir de ma mère en larme dans un fauteuil, de mon père triste arrosant des plantes et d'un vieil appartement que l'on vide en me donnant au passage un très vieux livre que je conserve encore précieusement.

 

Je l'avais presque oubliée cette dame mort, après tout elle apparaissait bien rarement ! On en parlait à la télé, on entendait dire qu'elle était passé par-ci, par là... Bref un peu comme le coup du père Noël qui faisait des choses si incroyables que j'en était très vite venu à la conclusion qu'il n'existait pas. J'ai grandis avec cette certitude de l'enfance, la mort c'est pour les autres et il ne faut pas en parler. Manque de bol, elle a récidivé...

Quel âge avais-je ? Environ 16 ou 17 ans je pense. J'avais une amie très chère, quelqu'un avec qui je passais tout mon temps et que j'allais voir tous les jours lorsqu'il n'y avait pas cours. Elle n'habitait pas très loin de chez moi. Je connaissais son père que j'aimais beaucoup même si il m'intimidait parfait, sa mère était quand à elle tout aussi gentille, un petit air bougon parfois mais la bonté ne se cache pas comme ça. J'étais rentré de chez eux en soirée, pressée de ne pas arriver en retard pour ne pas avoir d'ennuie. On devait se revoir le lendemain, la routine. Mais voilà que le lendemain, rien ne se passe comme prévu.

Mon amie me téléphone et m'annonce le décès de sa maman que j'avais vu et embrassée la veille, rupture de l'anévrisme. J'en reste complétement sonnée, ainsi la mort peut frapper si près ? Mes rapports avec cette amie si chère n'ont jamais plus étaient les mêmes, je ne sais pas si elle s'en est aperçu et c'est même complètement idiot mais le choc de cette nouvelle rencontre avec la mort m'avait pas mal déçarconnée.

 

Je me suis mis à avoir un regard un peu plus adulte sur le monde. Un regard circonspect sur mon père et son hypertension, sur ma mère, sur mes deux grands mères et mes grands pères qui prenaient de l'âge, sur mon frère qui ne regardait pas bien en traversant les rues... Ce n'était pas encore très fort, juste une sourde inquiétude de temps en temps et la pensée qu'un jour viendrais où il faudra bien que la mort frappe sur les miens ou sur moi même. Mais bon, cette pensée était encore bien loin et bien irréelle. Les années ont passées.

 

Et mon grand père... Sa mort est racontée dans l'article précédent, toutefois je n'y raconte pas ce qu'il s'est passé dans mon esprit à cet instant là. Jamais la mort n'avait frappé si près, bien sur mon grand père n'était pas vraiment un proche puisqu'il avait toujours joué le parfait inconnu avec ses petits enfants mais tout de même... Mes oncles, mes tantes, mon autres grand père, mes grands mères, mes parents... Tout ceux là étaient plus vieux que moi... Ainsi donc nous étions mortels... Ainsi donc j'étais condamnée à les voir partir, un jour ou l'autre. Cette révélation m'a été faite devant le lit de mort de mon grand père, ce jour là je suis passé définitivement du stade enfant au stade adulte. Ce jour là j'ai compris que la mort était inéluctable et que quelque soit ma force, ma patience ou ma colère, je ne pourrais pas la vaincre. Aucun coup de massue ne peut assommer plus que celui-ci.

 

Depuis, elle a frappé encore même si à distance. Un voisin, pauvre homme si bon et qui laisse une femme désemparée et qui avait cru qu'elle partirait avant lui. Une femme du bout de la rue qui respirait la gentillesse, son mari qui n'a pas supporté sa mort si injuste et que j'avais cru pouvoir aider par mes mots. Pauvre poète, je crois que lui aussi il avait compris beaucoup de choses...

Et ma maladie insidieuse est montée en intensité, encore et encore et encore. L'angoisse que je ressentait depuis déjà bien longtemps a continué de se faire sentir. La mort me harcèle, je la vois dans mes cauchemars sous la forme de mort vivants et autres cadavres. Je l'ai vue en touchant la main ridée de la grand mère de mon homme, elle n'en a plus pour longtemps, je le sens. Je l'ai vue aussi dans les yeux de ce suicidaire dans la salle d'attente du psychiatre, je l'avais entendue dans la voix de ce vieux poète que j'avais eu au téléphone même si je n'avais pas voulu l'admettre. La mort me harcèle, elle a même voulu me prendre et il a fallu que je jette les cachets que j'avais mis dans mon tiroir en attendant de réfléchir. Elle m'angoisse lorsque mon homme s'en va et que sa voiture peut déraper à tout moment, elle m'angoisse lorsque mon père fait de la tension, lorsque ma mère descend un escalier, lorsque mon frère traverse une rue, lorsque ma soeur va à l'école, lorsque mon chat tente de se sauver, lorsque mes crises d'angoisse font accélérer mon coeur. A chaque instant je m'attend à ce qu'elle frappe, la nuit même elle s'immisce dans mes rêves. Je ne peux pas contrôler la mort, il faut donc que j'arrive à l'accepter. Je ne sais pas très bien comment m'y prendre, j'y travaille avec acharnement. J'essaye de ne pas angoisser et de ne pas m'imaginer les pires scénarios catastrophes comme j'ai l'habitude de le faire. Ce cauchemar avec mon frère, je sais que je ne pourrais jamais l'oublier et jamais l'accepter non plus. Je ne sais pas quoi en faire du coup... Je l'ai écrit pour m'en débarrasser mais il est encore là, les cachets m'abrutissent et pourtant l'image est là... Il n'est pas mort et pourtant je suis choquée comme si la scène s'était réellement passée.

 

Ainsi ce texte m'a permis de comprendre ce qu'était le fond de ma folie. Elle me regarde au fond de mon âme et elle grimace joyeusement, ne sourit pas trop madame la mort... Je ne peux pas te vaincre mais je t'intégrerais, je sais que je peux te dépasser. Aujourd'hui j'ai l'impression d'avoir compris un truc vital sur moi même et sur la cause de mes phobies, de ma dépression, de mes angoisses... Je crois que j'avance...

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V
<br /> <br /> Un grand pas de fait^^<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La mort. je pense que tout être la redoute. Et quand on la frôle ? On la redoute toujours autant je suppose. Peut-on l'apprivoiser ? la tenir à distance ? Difficile à dire. Si un jour quelqu'un<br /> trouve des réponses, je serais curieuse de les entendre... ;)<br /> <br /> <br /> <br />
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