Ma visite chez le psychiatre (pensées)

Publié le par Kamiken

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Bon voilà, on est mercredi, le vilain jour est arrivé... Il m'a déjà fallu près de deux heure pour me décider à sortir enfin de mon lit (dieu qu'on est bien caché sous ses couvertures !), m'enfin c'était pas possible d'y rester la journée donc j'ai fini par me faire une raison.

Le temps passe, l'heure fatidique arrive vite. Mon homme est là pile à l'heure, je n'avale pas grand chose et nous voilà partis.

Louvier... Je hais cette ville, vous ne pouvez même pas imaginer à quel point. Je n'y ai que des souvenirs horribles, ceux du permis que j'ai passé à plusieurs reprises et des heures de conduite avec le moniteur le plus crétin de toute la galaxie. Je crois qu'il ne m'aime pas beaucoup, c'est parfait parce que moi je le déteste avec un acharnement tout à fait honorable. Pauvre type. (Je vous raconterais peut-être un jour le pourquoi du comment.)

A l'angoisse du rendez vous se mêle l'angoisse des souvenirs, j'ignorais qu'on pouvait être allergique à une ville entière mais il semblerait bien que ce soit mon cas... Si elle devait être rasée demain je dois avouer que cela ne me ferait ni chaud ni froid (désolé les Lovérien, j'ai rien contre vous mais franchement, déménagez ! ^^')

 

Bon revenons à nos moutons. Nous arrivons sur place et après avoir tourné un chouilla nous trouvons notre destination. Un petit bâtiment tout ce qu'il y a de plus vieillot, les secrétaires bavardent entre-elles lorsque je rentre. J'ai horreur de ça, j'ai toujours l'impression qu'on me juge mais bon, ça fait partie de ma maladie il paraît alors je me contrôle et j'évite de les envoyer sur les roses.

On m'envoie en salle d'attente sans m'indiquer où elle se trouve, petit moment d'hésitation et je fini par dégotter la salle minuscule où s'entasse déjà une bonne dizaine de personne dans un silence lourd. Horreur ! Ils ne vont quand même pas enfermer une phobique sociale dans un truc pareil pour un temps indéterminé ? Eh ben si... Merveilleux...

Je prend place, mon homme est resté avec moi. Bonne idée, toute seule il y a déjà bien longtemps que j'aurais pris mes jambes à mon cou. Le temps défile avec lenteur, l'angoisse m'étouffe... J'ai pris un cachet avant de venir, j'aurais tout aussi bien pu avaler un placebo que cela ne m'aurait pas fait plus d'effet. Mon coeur cogne contre ma poitrine et j'ai l'impression que toute la ville peut l'entendre, je tente de le calmer sans grand succès, il n'a jamais été très obéissant. Je fais abstraction de mon mal de ventre et de la boule que j'ai dans la gorge, non non et non je ne partirais pas en courant !

 

J'ai fixé le sol pendant un long moment, attendant une accalmie dans le tempête de panique qui me submerge. Mon coeur semble s'être un peu calmé, je risque un regard vers les autres qui, pour la plupart, ne semblent pas aller beaucoup mieux que moi. Une assemblée de fous ! Je réprime un sourire nerveux.

Sur la chaise en face de la mienne il y a un colosse, la bouche grande ouverte il me fixe sans me voir. Il aurait un air méchant si son regard n'étais pas si éteint, il est là mais il n'est pas là... Ainsi c'est ça la folie ? D'autres sont comme lui tout autour, tous en surpoid, la bouche ouverte, le regard inexpressif, je remarque leur élocution pateuse lorsqu'ils s'interpellent... Certains vont jusqu'à pousser des grognements. J'en vient à me demander ce qui peut bien avoir provoqué de tels dégâts dans leurs cerveaux.

Mon attention est attiré par un petit vieux en fauteuil roulant, il n'a pas cette expression reconnaissable que tous les fous arborent. Il a juste l'air... Triste... Mais triste à en pleurer. Il est dans un fauteuil, à côté de lui il y a une infirmière qui semble le surveiller. Il me lance un regard et je me sent transpercée jusqu'au os par sa détresse, sa souffrance est si forte qu'elle en devient palpable. Qu'est-ce qu'il peut bien avoir lui ?

Il se penche pour attraper l'un des magazines qu'il y a toujours dans les salles d'attentes, l'infirmière sursaute et se penche pour lui donner une tape sur la main. Sa voix est éraillée lorsqu'elle parle :

 

« Non non monsieur …., vous allez tomber et vous blesser ! Ne vous penchez pas ! »

 

Oui bien sur, en se penchant il risque de tomber... Je comprend mieux la réaction, encore que la tape sur la main était peut-être exagéré, il n'a pas 4 ans à ce que je sache ce gentil vieillard ! Je m'attends à ce qu'elle lui donne le livre mais il n'en ai rien, elle se replonge dans le sien, ignorant complètement le regard implorant de son malade qui aimerait bien lui aussi, passer le temps comme tout humain le ferait. J'ai envie de vomir...

Sentant mon regard insistant, elle lève les yeux de son magazine et me lance un sourire gêné, comme pour s'excuser du comportement de celui dont-elle a la charge. Je lui décoche le regard le plus noir et le plus mauvais que je peux sortir, sale garce ! Interloqué sans doute, elle retourne précipitement à son bouquin, elle doit me croire aussi folle que tous les autres, j'en tire une certaine satisfaction. Le petit vieux me regarde à nouveau, je lui souris, il me répond. Pauvre diable... Il ne vivra sans doute plus très longtemps, j'ai vu dans son regard qu'il n'en avait pas la moindre envie. Parviendra-t-il à se tuer malgré ses geoliers ? Je le souhaite pour lui, tout être humain devrait avoir le droit de disposer à son aise de sa vie. Qu'il meure donc avec dignité ce monsieur, et qu'on cesse de le traiter comme un nourrisson sans cervelle. Pourquoi suis-je la seule à penser ainsi ?

 

On vient le chercher, le psychiatre l'appelle et il tente de se lever de son fauteuil. On le repousse, il résiste. Il a l'air vigoureux ce monsieur, pourquoi est-il en fauteuil ? Je crois qu'il pourrait marcher si on lui en laissait le temps... Bien sur il serait très lent mais après tout, c'est le boulot des infirmières que de gérer cela non ? Et bien non, l'ambulancière venu en renfort défait le frein du fauteuil et soulève l'avant, empéchant toute résistance. Le monsieur semble s'être résigné, et moi, j'ai envie de pleurer. L'humain dans toute sa bassesse...

Le temps passe à nouveau, je ne suis plus angoissée. Je suis en colère. Le psy m'appelle, cette fois-ci c'est à moi. Il avait oublié mon rendez vous, il ne sait même plus qui je suis et il est obligé de jeter un oeil sur sa feuille pour se souvenir de mes symtômes et de ma maladie. Il me sourit, j'ai une furieuse envie de lui montrer les dents.

 

Et bien voilà, c'est terminé. L'attente a duré plus d'une heure, une heure de souffrance, d'angoisse et de colère. L'entrevue à duré dix minutes, juste le temps de doubler mon traitement et de m'ajouter un autre médicament. Nous n'avons même pas parlé, je n'ai pas eu à aligner plus de quelques phrases... J'ai envie de lui rire au nez à ce type qui croit me soigner et qui me connait moins bien que le plus éloigné de tous mes voisins. J'ai un autre rendez vous en décembre, je ne suis pas sure de m'y rendre. Je viens de comprendre que ce gars là ne pouvait rien pour moi, je suis seule face à mon problème. Le pire c'est que cela ne me dérange plus... J'ai vu comment il traitait les êtres humains, j'ai vu la souffrance de ce petit monsieur en fauteuil et l'indifférence générale de ceux qui étaient censés prendre soin de lui. Qu'ils aillent tous se faire voir, aucun médecin ne vaut mieux qu'un autre. Je m'en sortirais sans eux, je n'ai jamais eu besoin de personne et je n'ai pas l'intention de commencer maintenant. L'humain me dégoute...

 

 

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F
<br /> <br /> Arf ma grande tu verras, des cretins ils s'en cachent partout, parmis les médecins psy comme les plus generalistes, mais aussi chez les infirmières malheureusement! C'est vraiment dommage quand<br /> on sait qu'ils sont censés faire ce metier par amour de l'être humain et dans le but de les aider...<br /> <br /> <br /> Avec beaucoup d'espoir je serais tenté de te dire que tu es peut-être tombé sur le mauvais doc! Peut-être qu'il faudrait t'en trouver un autre qui te correspondrait mieux et qui te donnerait<br /> envie de continuer des séances! Mais Pascale a raison: ta plume et le soutient de ton entourage reste surement ta meilleure therapie!!<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Ecrire un texte triste sur un ton ironique à souhait à mourir de rire. Oui, voilà bien un de tes styles. Comme quoi tu n'as pas vraiment perdu ta plume. Elle cherche juste comment s'épancher<br /> autrement peut-être ? Elle bave d'encre, ne la fait pas attendre... ;)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Pour en revenir à ce text... Comme je te comprends. Je déteste les psy. Je ne sais pas si tu connais mais il y a peu un auteur a écrit une critique justement sur les psychnalistes et compagnie.<br /> Une critique qui a été très mal reçue, critiquée par la profession des psychiatres (forcément lol). Il y a répondu à son tour en écrivant un deuxième : "Apostille au<br /> crépuscule" de MICHEL ONFRAY. je crois que ca vaut le détour. ce que tu décris me smeble être ce qu'il décrit lui aussi.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bref, tu ne fais que confirmer ce que j'ai toujours pensé : ne jamais se mettre dans les mains de ces médecins de pacotille. Sans doute ne devrais-je pas dire ca, parce<br /> que peut-être des personnes en ont vraiment besoin. Peut-être es-tu de ces personnes ? je n'en sais rien. Mais aucun témoignage que j'ai pu recevoir ne m'a donné envie d'y aller moi-même. Ma<br /> thérapie est encore une fois les animaux. Ta thérapie pourrait être l'écriture ?^^<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comment ça je radote ? lol<br /> <br /> <br /> <br />
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