Le jeu de la professeur de français de BTS (souvenir)
Ce souvenir n'est pas très vieux, il s'agissait de madeuxième année de BTS. Nous avions alors une heure de français par semaine à ma grande fureur. Car oui figurez vous que dans ma section, nous faisons plus d'Anglais que de Français ! Figurez vous qu'il n'y a pas d'examen dans notre langue maternelle alors qu'il y en a un dans la langue anglaise ! Tout ceci me laisse un goût d'amertume sur la langue, ce non respect de nos valeurs et de ce que je chérie tellement depuis si longtemps, j'aime le Français, j'aime l'écriture, j'aime la lecture et je ne peux absolument pas comprendre que l'on néglige de tel fondamentaux dans les classes. Lorsque je vois le niveau orthographique des gens de ma section j'ai envie de déménager au fin fond de l'Alaska pour cacher la honte qu'ils me font ressentir. Comment peut-on ne pas être capable de parler et écrire correctement sa propre langue ? Comment peut-on avoir si peu de vocabulaire et être fier de savoir presque parler mieux Anglais que Français alors qu'on est né dans l'hexagone ? Tout ceci me dérange, je suis peut-être la seule et cela est peut-être mal perçu mais cela me dérange. Je ne veux pas oublier le Français et me mettre à parler Anglais, le Français est et reste pour moi la plus belle langue du monde. N'en déplaise à Shakespeare.
Bon après ce petit coup de colère contre le système scolaire de notre pays (désolé, pas pu m'en empêcher) je vais enfin vous raconter ce qu'il s'est passé ce jour là dans ce que l'on appelle communément une classe et que moi j'appelle plutôt un zoo composé de primates plus ou moins évolués et qu'il faut savoir gérer pour éviter qu'ils ne se détruisent les uns les autres.
J'ai toujours eu d'excellents rapports avec tous mes professeurs de Français, pour la simple et bonne raison qu'eux et moi avons la même passion. Bons résultats, intérêt pour leur cours, ils ne pouvaient que m'apprécier et je dois dire que j'apprécie souvent leur façon de penser. Littéraire je suis, littéraire je reste. Mais alors celle-là...
Son nom ? Je ne le divulguerais pas ici déjà parce que je ne me le permettrait pas et ensuite parce que je l'ai carrément oublié. Et oui, j'ai une facheuse tendance à ne pas retenir les visages et les noms des personnes qui font partie des 95% de la population qui n'en vaut pas la peine. Je dois avoir une mémoire sélective, désolé.
Ses cours me déplaisait, sa façon de lire des poèmes sans y mettre le ton (Ô Jean de La Fontaine ! Mon pauvre Jean ! Comme tu as dû te retourner dans ta tombe lorsqu'elle a massacré tes poèmes ! Je l'aurais étranglé pour cela, mais encore une fois ça aurait fait désordre...). Je n'aimais pas non plus cette façon supérieure qu'elle avait de s'adresser à nous, ses ignorants d'élèves (qu'on me pardonne mais tous les BTS ne sont pas analphabètes), cette façon qu'elle avait de nous faire cours comme à des enfants arrièrés et incapable de comprendre quoi que ce soit... Dès le premier regard, j'ai su qu'elle serait la première prof de Français que j'aurais à classer dans les 95% de population insignifiante.
Voilà l'idée qu'elle a eu un jour devant notre mauvaise volonté manifeste à suivre des cours qui n'avaient de toutes façons pas la moindre expèce d'importance étant donné que le Français avait été retiré du programe scolaire (bande de crétins d'académistes !). Elle a lancé un jeu.
La classe fut découpée en deux groupes, des petits papiers retournés furent disposés sur son bureau, ils contenaient chacun un argument. Dans chaque groupe une personne tour à tour devait prendre un petit papier et défendre cet argument. Si il y parvenait, il gagnait un point, sinon il en perdait un. L'équipe comptabilisant le plus de point gagnerait la partie.
J'ai su tout de suite que c'était une mauvaise idée de mettre ainsi la classe en compétition, mais que dire et que faire ? Elle a annoncé que chacun serait obligé de participer, qu'il n'y aurait pas le choix. Des ricanements ont commencé, chacun imaginait ce que Clément (le bouc émissaire de l'année) allait pouvoir dire comme bêtise et comment on allait pouvoir le ridiculiser. Une bouffée d'angoisse et de colère est monté en moi, j'ai foudroyé la professeur du regard. Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas permi une telle chose, mais à cet instant, elle avait perdu toute crédibilité et tout respect de ma part.
Le jeu a commencé et comme je me le doutais, ce fut absolument catastrophique. Les grandes bouches de la classe se sont pris au jeu et ont voulu faire gagner leur équipe. Les plus timides se sont senti coincés et ont dû participer malgré eux sous les moqueries des camarades. Clément fut humilié comme d'habitude, il fit perdre un point à son équipe et on le lui reprocha à grand cris. Dieu comme je détestais cette façon qu'ils avaient de lui parler depuis le début de l'année... Pas comme à un être humain mais bien comme à un animal, il le traitait comme un chien sous lez yeux de certains professeurs plus complaisant que les autres (oh non ne croyez pas que je vous ai oublié vous le professeur de laboratoire qui vous êtes abaissé au même niveau que les élèves en vous acharnant sur lui ! Je vous souhaite tout le malheur du monde pour ce que vous lui avait fait. Vous l'avez détruit et le pire c'est que vous n'en êtes même pas conscient, c'est abjecte.).
Je n'avais toujours pas pris mon tour ni Jessica qui était à côté de moi. Elle était bloqué par sa timidité, moi par ma rage que je devais contrôler du mieux possible. J'ai pensé à me lever, à prendre mon sac et à partir mais je n'en ai pas eu le cran. Alors Astrid est venu à nous avec l'un des cartons contenant un argument et l'a jeté sur notre table en nous ordonnant avec mépris de jouer nous aussi. Cette voix... Elle avait utilisé pour me parler la même voix qu'elle utilisait pour Clément ! Elle m'avait parlé comme on parle à un chien ! Ma rage était à son paroxysme.
Elle est retourné s'asseoir, je me suis retourné d'un bloc vers elle et l'ai défié du regard. Elle a murmuré que nous devions jouer sinon.... J'ai alors crié : SINON QUOI ? Elle a lu ma colère dans mes yeux, la classe était stupéfaite car ne m'avait jamais vu en colère. A-t-elle su à ce moment que j'étais à deux doigts de me lever, de l'empoigner et de lui administrer la correction que je suis tout à fait capable de lui administrer ? Nul ne me connaissait dans ma classe, nul ne savait ce dont j'étais capable, cette violence que je peux sortir d'un seul coup et cette maitrise que j'ai acquise par la pratique des sports de combats. Non elle ne pouvait pas savoir cela, mais je crois qu'elle a lu la folie dans mes yeux. Elle s'est tû. La professeur était interloquée par la violence de notre échange, j'ai jeté le carton sur la table et ai croisé les bras en la fixant d'un air de défi. Elle a préféré faire passer le tour à quelqu'un d'autre. Ce cours de Français fut le dernier auquel j'ai assisté. J'avais juré que je n'y retournerais pas, j'ai tenu parole.
J'ai rencontré beaucoup de professeur dans ma vie. Certains sont pour moi des exemples, des gens qui m'ont aidé et qui ont fait partie des 5% de la population qui vaut quelque chose. Beaucoup m'ont impressionné et ont forcés mon respect, j'ai même eu de l'amitié pour une vieille dame qui m'a dévoilé les mystères de la poésie. Mon amitié est très rare et je ne la dispense pas à la légère, mais je sais que des professeurs font leur métier avec amour et de leur mieux, ceux là ont d'office mon respect même si pas forcément mon amitié. Quand aux autres... Ils sont peu nombreux par chance mais ils existent, ces gens qui détruisent les jeunes. J'en ai rencontre plusieurs et cette prof de Français en fait partie. Elle ne mérite pas sa place, elle ne mérite pas d'enseigner et elle n'a rien compris à la langue Française, j'ose le dire même si pour cela vous allez peut-être me trouver arrogante. Je n'irais pas dire que j'en sais plus qu'elle sur le Français mais ce que je sais c'est qu'elle a détruit la classe ce jour là. Qu'elle a brisé la neutralité fragile que j'avais avec le groupe, qu'elle a fait du mal à Clément, à Jessica, à d'autres sans doute... Elle ne s'en est même pas aperçu et le pire c'est qu'elle exerce sans doute encore.
Mon équipe a perdu et cela a fait toute une histoire pendant bien des jours. Les autres m'ont regardé bizarrement, je crois qu'ils ne s'étaient pas encore rendu compte à quel point je ne les craint pas. Ce n'est pas d'eux que j'ai peur mais plutôt de mes réactions. Que ce serait-il passé si Astrid avait insisté lors de notre confrontation ? Je crois que j'aurais frappé, je suis même sure que j'aurais frappé. J'aurais frappé pour moi d'abord, parce que c'était une obligation pour gagner le respect du reste du groupe (ben oui, dans un zoo il faut bien se faire respecter des autres primates) et pour les autres ensuite. Clément, Jess, ceux à qui elle avait fait du mal à plusieurs reprises. J'aurais frappé pour lui montrer à quel point on peut avoir mal mais cela n'aurait été que bien peu de chose face à la douleur qu'elle et ses amis ont pu infliger à Clément pendant ces deux années. Complice... C'est ce qu'à été la prof de Français ce jour là, j'ai honte pour elle et je me souviens encore du mépris que j'ai ressenti pour sa personne. Lorsqu'on est prof, on s'en montre digne. On ne fait pas les choses à la légère et on ne détruit pas l'harmonie fragile d'une classe. A cause d'elle j'ai perdu pendant un instant le contrôle sans faille que je maintient sur moi-même depuis des années et des années, j'aurais pu blesser Astrid et me faire virer du lycée. Elle en est responsable même si pas consciente. Elle ne sera jamais un bon professeur, je l'ai senti et j'espère qu'elle ne perdurera pas dans cette vois, aussi cruel que cette pensée puisse être. On ne devrait pas permettre à des gens de prendre de telles responsabilité lorsqu'ils n'en sont pas capable. Être prof ce n'est pas seulement un métier, il serait temps que beaucoup s'en souviennent...